SantéBilirubine : qu'est-ce que c'est ?

Bilirubine : qu’est-ce que c’est ?

La bilirubine est une molécule méconnue, pourtant présente chez tout être humain. Ce pigment jaune, d’abord présent dans les globules rouges, peut être responsable de la jaunisse (de son nom scientifique l’ictère) s’il se retrouve en excès dans le corps, provoquant ainsi le jaunissement de la peau et du blanc des yeux. Il n’existe pas une seule sorte de bilirubine, et il peut être difficile de s’y repérer entre bilirubine libre, conjuguée, directe, indirecte. On vous explique tout sur la bilirubine !

Sommaire

Quel est le rôle de la bilirubine ?

La bilirubine est une molécule naturellement présente dans le corps. Elle provient des globules rouges (les hématies), présents dans les vaisseaux sanguins, qui transportent notamment l’oxygène dans votre corps qui en a besoin pour fonctionner. : plus précisément, la bilirubine provient de la destruction des hématies, qui ont une durée de vie limitée (en moyenne 120 jours, plus précisément entre 90 et 150 jours). La bilirubine n’a en fait pas réellement de « rôle » : quand les hématies sont détruites, elles libèrent de l’hémoglobine, qui va dégénérer et se séparer en globine et en hème – qui contient du fer qui est récupéré pour être utilisé par l’organisme. Le reste de l’hème, qui n’est pas utile au corps, est dégradé et devient la bilirubine libre – on reviendra plus bas sur les différents types de bilirubine. On peut dire, en quelque sorte, que le rôle de la bilirubine est de transformer des « déchets » résultants de la destruction des hématies en une molécule qui, par la suite, pourra être éliminée du corps.

Quel organe produit la bilirubine ?

Si vous avez bien suivi l’explication précédente, vous avez compris que ce n’est pas réellement un organe qui produit seul la bilirubine : cette molécule est issue de la dégradation des globules rouges, et plus particulièrement de l’hème. Cependant, sans entrer dans les détails complexes des processus chimiques intervenant dans le corps, c’est principalement sous l’action de la rate, ou plutôt de deux enzymes qui y sont présents – l’hème oxygénase ou microsomale, et la biliverdine réductase (aussi appelée cytosolique) que la bilirubine libre est produite, à partir de l’hème dégradé.  On vous épargne les autres mécanismes, mineurs, qui sont sources de 10 à 20% de la bilirubine libre.

Quelles sont les différentes formes de bilirubine ?

Comme si ce n’était pas assez compliqué, il existe en fait deux formes différentes de la bilirubine. On parle de la bilirubine libre, qui est plus rarement appelée la bilirubine indirecte, et de la bilirubine conjuguée – très logiquement appelée aussi bilirubine directe. Lorsque vous réalisez un dosage sanguin, vous aurez un taux de bilirubine total : c’est la somme des deux formes de bilirubine présentes dans votre corps. Un dosage sanguin pourra aussi donner directement le taux de bilirubine conjuguée dans le sang, mais pas le taux de bilirubine libre seul (il faudra le calculer en faisant une soustraction entre le taux bilirubine totale et celui de la conjuguée). Dans tous les cas, seul un médecin pourra analyser vos résultats et vous indiquer si vos taux de bilirubine sont normaux ou trop élevés – ils ne peuvent qu’extrêmement rarement être trop bas.

Quelles sont les différentes formes de bilirubine ?
Source : shutterstock.com

Bilirubine libre

La bilirubine libre, ou indirecte, est la première forme qu’on trouve dans notre corps. Inutile de vous rappeler comment elle est formée. Ce qui est important ici, c’est que cette molécule est toxique pour le corps, et qu’elle doit donc être éliminée. Elle est transportée dans le corps par le sang, donc dans les vaisseaux sanguins, mais elle ne peut pas être éliminée sous cette forme parce qu’elle n’est pas suffisamment soluble. Quand son taux est trop élevé, comme il s’agit d’un pigment jaune qui a tendance à s’accumuler sous la peau, elle peut conduire à un ictère. Il va donc falloir que la bilirubine soit conjuguée à une autre molécule pour être éliminée du corps : c’est là qu’elle devient la bilirubine conjuguée.

Bilirubine conjuguée

La bilirubine conjuguée est le produit de la bilirubine libre et d’un acide, la glucuronate (ou acide glucuronique). Sous l’action du foie, la bilirubine libre est conjuguée avec la glucuronate grâce à une enzyme du foie : cela permet de la rendre soluble dans l’eau. Une fois qu’elle est conjuguée, la bilirubine va pouvoir être éliminée – ou excrétée – du corps. Elle va passer dans la bile, et donc sortir du foie par les voies biliaires. Cette bile rejoint alors le système digestif, et comme beaucoup de déchets du corps, va finir dans les selles. Comme la bilirubine est un pigment, c’est ce qui donne la couleur à vos selles ! Ainsi, des selles très pâles, voire blanches, sont le signe d’un dysfonctionnement dans le processus de conjugaison de la bilirubine.

Bilirubine élevée

Ce qui est important, lors d’un dosage de la bilirubine, c’est de vérifier qu’on n’est pas en présence d’un taux de bilirubine élevée. On parle aussi d’hyperbilirubinémie.  Sachez que la notion de bilirubine basse pas de sens : à part dans de très rares cas, comme lors d’une grossesse, on ne peut pas avoir de bilirubine basse. C’est logique : la bilirubine est produite naturellement par la destruction des globules rouges (dont tout le monde a besoin pour vivre), et sa toxicité rend dangereux un taux trop élevé dans le sang : une bilirubine un peu plus basse que les taux observés habituellement n’a donc rien d’affolant, et cela n’arrive quasiment jamais. Précisons que les taux normaux de bilirubine ne doivent pas être pris à la lettre, il faudra l’avis toujours d’un médecin pour déterminer si vous avez un excès de bilirubine libre, conjuguée, ou totale, et ce qui cause une hyperbilirubinémie.

Pour vous donner quelques repères, sachez qu’un taux élevé de bilirubine dans le sang peut être lié à plusieurs choses :

  • Soit c’est la bilirubine libre qui est en excès, cela veut dire qu’elle n’est pas bien conjuguée. On peut être dans le cas d’un défaut de l’hémolyse (les globules rouges se détruisent trop vite, ce qui crée un afflux de bilirubine trop important pour le foie, qui ne peut pas tout conjuguer). Il peut aussi avoir un défaut au niveau du foie, dans la glucurono-conjugaison : c’est le cas de la maladie de Gilbert (ou plutôt du syndrome, parce que c’est très majoritairement quelque chose de bénin).
  • Soit c’est la bilirubine conjuguée qui est en excès : cela veut dire qu’elle n’est pas bien évacuée. Dans ce cas, il faudra regarder au niveau des voies biliaires qui sont chargées de l’excréter et qui ne remplissent pas bien leur rôle. Les pathologies qui créent un excès de bilirubine sont nombreuses, diverses, et l’ictère est souvent un signe d’une autre maladie (comme un cancer du foie, une hépatite – une atteinte du foie- ou encore une cirrhose), c’est-à-dire que c’est une pathologie qui entraîne une jaunisse (et pas l’inverse). Autrement dit, l’ictère n’est pas une maladie, c’est le signe d’une pathologie !
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